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DRAME.

Julie.

Eh ! pourquoi y ſerois-je condamnée ? déchirez le voile qui couvre ma naiſſance ; ſi je la dois à des parens pauvres, j’irai partager leur misère. Des mains généreuſes n’ont-elles pris ſoin de mon enfance que pour me perſécuter ? Je ne demande point à ſortir de ce Cloître, mais au moins qu’on retarde la cérémonie dont la religion s’irriteroit. Laiſſez à mon cœur le tems de ſe diſpoſer.

Sœur Angélique.

Ayez pitié de ſa jeuneſſe, accordez quelques délais à ſes larmes.

L’Abbesse.

Impoſſible, ma Sœur. M. le Marquis de Leuville exige que ſes vœux ſoient prononcés aujourd’hui, ou il ceſſe de payer ſa penſion.

Sœur Angélique, à part.

Le cruel pourſuit ſes iniquités.

Julie.

Ah ! Madame, ne fermez point votre ame à la pitié. Si M. de Leuville me retire ſes bienfaits, occupez-moi aux ouvrages les plus vils de la maiſon. Je ne lui ſerai point à charge. Je me ſoumettrai à tout juſqu’à ce que ma répugnance ſoit vaincue.