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DRAME.

Sœur Angélique.

Oui, ma fille, appelle-moi ta mère, j’ai plus que tu ne penſes des droits à ce titre.

Julie.

Vous ſeule ne me repouſſez pas avec cruauté… quoi, vous verſez des larmes ? vous vous attendriſſez ſur mon ſort ? Ah ! ſans doute, vous déſapprouvez la violence qu’on veut me faire.

Sœur Angélique.

Contribuer à ton malheur, moi qui ne fais des vœux que pour ta félicité !

Julie.

Affermiſſez mon ame contre la perſécution qu’on lui prépare : dites-moi que le Ciel ne blâme point ma réſiſtance, & que je ne peux l’offenſer en me refuſant à des vœux contre leſquels mon cœur ſe révolte.

Sœur Angélique.

Hélas ! vous n’êtes pas la première victime qui ſe ſoit ſacrifiée aux caprices de parens injuſtes.

Julie.

Des parens ! & quels ſont les miens ? inconnue à moi-même, abandonnée dès mon