Page:Gouges - Le couvent - 1792.pdf/23

Cette page a été validée par deux contributeurs.
11
DRAME.

Le Chevalier.

C’eſt mon affaire, je ſuis majeur, & tout le reſpect que je lui dois ne peut m’empêcher de me ſouſtraire à une tutelle tyrannique. Tu ſens bien que ſon acharnement à vouloir faire de Julie une Religieuſe me laiſſe entrevoir quelque choſe… d’odieux peut-être. La pitié que ſon ſort m’inſpire, augmente encore mon amour : il prit naiſſance au parloir où je l’ai vue quelquefois lorſque je venois avec mon père rendre des devoirs à Madame l’Abbeſſe.

Antoine.

C’eſt fort bian, vous l’aimais, & il n’y a rien là-dedans que de très-naturel ; mais ſi alle ne vous aime pas, à quoi aboutira toute votre manigance, ça m’inquiette, & vous n’y ſongez pas même.

Le Chevalier, comme embaraſſé.

Si… Julie… ne m’aime pas… dis-tu ?

Antoine.

Oui, car j’n’ons encore rian vu qui m’apprenne qu’elle partage vos biaux ſentimens.

Le Chevalier.

Je ne me trouve là-deſſus pas plus avancé que toi.