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Le jeune Montalais.

Si je craignois de vous quitter avec ma ſœur, dans l’état où elle eſt, j’irois voir ce qu’il eſt devenu.

Le vieux Montalais.

La voilà qui reprend ſes ſens… Cette petite Laurette ne revient point. Qui peut la retenir ? Inquiet ſur le compte de votre ſœur, & voyant la Fleur arriver ſans vous, j’avois envoyé la petite chez M. le Comte, pour vous faire part de mes craintes.

Marianne, revenant à elle.

Où ſuis-je ?

[Appercevant le vieux Montalais.]

Ah, mon pere, la douceur de vous voir ne m’eſt donc pas ravie ! Que ſont devenus ces hommes barbares qui exerçoient leur pouvoir ſur vous, avec tant de cruauté ?

Le vieux Montalais.

Les cruels, ſans reſpect pour mon âge, m’entraînoient avec la derniere dureté : ce brave ſoldat indigné de leur conduite, les a forcés de s’enfuir.

Le jeune Montalais.

Mais, ma ſœur, apprenez-nous en quels lieux vous a mené notre protecteur, M. la Fontaine.

Marianne.

Lui, notre protecteur !… Ce monſtre ! Ah, ne me parlez pas de cet homme horrible. Pourrai-je étouffer en moi le ſouvenir de ſon abominable projet. Comme il nous trompoit ! comme il abuſoit de notre miſere !