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de la capitale. Un voyage peut me diſtraire & effacer de mon coeur une impreſſion que je ne puis vaincre. Je la vois, à chaque inſtant du jour, telle qu’elle ſe préſenta à mes yeux : une taille de Nimphe, un noble maintien, un ſon de voix qui charme les ſens & ravit l’ame, de grands yeux noirs, un teint de lis & de roſes, une bouche vermeille, un ſourire enchanteur, des graces naturelles, accompagnées d’un vêtement ſimple, qui, ſans apprêt, ſéduit plus que la plus grande parure. Voilà comme cette aimable fille ſe montra à mes yeux. Il n’y avoit qu’elle en état de pouvoir me ſéduire : mais il faut l’éloigner de mon eſprit & mettre, pour cet effet, mon projet à exécution.




Scène III.


LE COMTE, GERMEUIL.


Le Comte.

Eh bien ?

Germeuil.

Ah, Monſieur, que vous allez être ſurpris !… en traverſant la Cour, j’ai vu pluſieurs perſonnes monter par l’eſcalier dérobé qui donne ſur le jardin ; j’ai monté avec précipitation, pour me trouver ſur leur paſſage ; mais elles étoient déjà arrivées à l’appartement du Marquis de Flaucourt. Je n’ai pû appercevoir qu’une jeune perſonne. Ah, Monſieur, qu’elle m’a paru belle ! Elle ſembloit faire des façons pour entrer : mais quelqu’un, que je n’ai pas pu voir, l’a tirée par la main, & l’on m’a auſſitôt