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Scène XIV.


Le Comte, ſeul.

Enfin je reſpire. J’ai trouvé le moyen de ſecourir cette jeune perſonne. Je n’ai pas à rougir de mes ſentimens ; ce n’eſt point l’amour qui me fait obéir à ſes aveugles transports ; c’eſt la vertu qui me guide & m’éclaire ; c’eſt le plaiſir de faire des heureux qui m’anime. Si Montalais me trompe, il eſt perdu dans mon eſprit. Je ne ſaurois cependant rendre mon eſtime à ſon délateur, & pour jamais je fermerai ma porte à ces deux mauvais ſujets. Si ce n’eſt pas cette Marianne, que m’importe l’autre ?

[Il refléchit.]

Quel abus ! Je m’aveugle ſur mon propre compte. Je ſuis amoureux & je veux être généreux. L’homme ne ſe connoîtra donc jamais lui-même : Toujours, malgré ſes actions. Que n’ai-je connu l’infortune de cette Fille avant de la voir ! Ah, peut-être m’y ſerois-je moins intéreſſé : mais n’importe, je ſaurai étouffer mes ſentimens ; je triompherai de ma paſſion, & ferai le bien ſans flatter mon amour. Je ne chercherai pas même l’occaſion de revoir cet adorable objet ; content de la ſavoir heureuſe, je ſerai ſatisfait.

Il ſort.