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long-temps à votre égard ; vous connoiſſez mes ſentimens envers vous, ils ne changeront jamais ». Mais quelle fut ma ſurpriſe, quand j’appris qu’il étoit depuis quelque tems à Paris, & qu’il évitoit ma préſence, d’après les conſeils de ce monſtre odieux ! Vous voulez que je doute encore de ſes trames inſidieuſes ; je prétends le démaſquer ; c’eſt un fourbe trop dangereux pour la ſociété. Il ſembloit que Moliere par ſon Tartuffe eût étouffé le gerle de ces êtres pernicieux que l’on voit encore naître parmi nous. Sans doute un ſi horrible caractere ne ſortit pas de ſon génie créateur, il le trouva dans le monde ; &, ſi j’oſe imiter ce grand homme, c’eſt que, comme lui, j’ai le même caractere à peindre.

Le Comte.

Votre intention eſt admirable. Ce qui pourroit faire contraſte avec cet homme horrible, c’eſt cette aimable fille que j’ai vue l’autre jour chez vous ; vous la nommez Marianne. Qui eſt-elle ? elle eſt bien intéreſſante.

Madame de Valmont, gaiement.

Comment donc, ma chere Marianne a fixé votre attention ? Ah ! je n’en ſuis pas ſurprise, elle eſt ſi jolie, ſi douce, ſi ſage !

Le Comte.

Que de vertus réunies !

Madame de Valmont.

Oui ſans doute, & ma Marianne en poſſede encore d’autres plus eſtimables. Elle vit au ſein de l’indigence, & conſacre le fruit de ſes travaux à la ſubſiſtance de ſon pere & de ſa mere.