Page:Gouges - L Homme genereux.pdf/3

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.



PREFACE.

Je prie mon lecteur de me pardonner, ſi j’ai encore la témérité de lui préſenter une Préface de ma façon ; mais enfin le ſort en eſt jetté. Il eſt dans ma deſtinée de faire des Comédies remplies de défauts & de mauvaiſes Préfaces qui nuiſent aux médiocres ſuccès qu’elles peuvent obtenir à la lecture. Les hommes en général ne ſont-ils pas aveugles ſur leur compte ? Les uns, trop prévenus en leur faveur, les autres en portant un jugement trop ſevere ſur leurs défauts & ſans pouvoir s’abuſer, ne cédent-ils pas preſque toujours au penchant qui les entraîne ? On m’obſervera ſans doute que quand on ſe connoît ſi bien, il faut auſſi ſavoir ſe corriger, & renoncer à l’art d’écrire, lorſqu’on n’eſt doué que d’une imagination naturelle, qui ne peut plaire aux prétendus connoiſſeurs, aux pédans & aux plagiaires. Je dirai à cette eſpece d’hommes que tout eſt ſorti du ſein de l’ignorance, & que le ſeul génie de la nature a porté les arts & les talens au point où ils ſont parvenus. Les monumens que nous ont laiſſé les Anciens, en ſont une preuve inconteſtable. Eſt-il donc étonnant que les Modernes en étudiant ces premiers modeles, aient produit