Page:Gouges - L Homme genereux.pdf/21

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

ſes mains, à les mettre à l’abri des horreurs de l’indigence : mon malheureux pere s’étoit dépouillé de tout ſon bien en faveur de ſes créanciers : mais, hélas ! le plus impitoyable de tous n’a jamais voulu conſentir à aucun arrangement ; il a la barbarie, au bout de dix ans, de menacer ce reſpectable vieillard d’une horrible priſon.

La Fontaine, à part.

Bon ! ceci ſervira bien mes projets.

[Haut].

Et comment nommez-vous ce créancier ?

Le jeune Montalais.

Son nom eſt Durand Banquier.

La Fontaine.

C’en eſt aſſez.

Le jeune Montalais.

Hélas ! j’étois tenté d’aller me jetter aux genoux de M. le Comte de Saint-Clair, & de lui avouer mes malheurs.

La Fontaine, avec hypocriſie

Jeune homme, gardez-vous en bien ; vous vous perdriez dans l’eſprit du Comte. C’eſt un homme qui, ſous une apparence de bonté, cache une ame dure. Songez que je vous ai fait entrer chez lui comme orphelin ; s’il découvroit aujourd’hui que vous avez une famille, vous lui deviendriez ſuſpect, & je ſerois compromis… Le voici ; obſervez-vous.