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le voir mal vêtu, malgré tous les avantages qu’il a chez moi. La Fontaine ſon protecteur, celui qui me l’a procuré, m’a aſſuré que c’étoit un orphelin, même ſans connoiſſances ; je n’ai pas fait d’autres informations ; ſon air de candeur & d’honnêteté a toujours aſſez parlé en ſa faveur pour m’inſpirer la plus grande confiance en lui.

Germeuil.

Je n’ai rien à vous dire de ce jeune homme, je le crois, comme vous, un honnête garçon : mais, Monſieur, permettez-moi de vous obſerver… Comment avez-vous pu vous en rapporter à la bonne foi de celui qui vous l’a donné ? je le connois, c’eſt bien le plus grand fourbe… !

Le Comte.

Je ne le connoiſſois pas alors ſous ce point de vûe, & n’ayant rien remarqué dans le jeune Montalais qui pût m’inſpirer de la défiance, je n’ai dû former ſur lui aucun ſoupçon déſavantageux.

Germeuil.

Le Marquis de Flaucourt, frere de Madame de Valmont, ſuit en tout les conſeils du perfide la Fontaine, en dépit de toute ſa famille. Cet aventurier ſe dit deſcendant d’un Grand d’Eſpagne, tandis que des gens bien inſtruits ſavent qu’il eſt le fruit d’un commerce illégitime entre des perſonnes de baſſe extraction. Ne voilà-t-il pas, Monſieur, une belle origine, pour ſe dire l’ami du Marquis de Flaucourt ! Je ne critiquerois pas cependant ſa naiſſance, parce que ce n’eſt pas à moi, ſimple valet, à dénigrer la généalogie de mes égaux : mais je ne mets point de ce nombre un