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Tout salaire qui n’élève pas l’ame n’est point digne de mon ambition ; la Révolution s’opère, mes productions se multiplient, et suivant la bonne cause d’un œil rapide, elles n’ont pu que donner de la force à l’opinion publique ; mon fils, Ingénieur dans son Département, du tems que sa mère se consacroit et dissipoit sa fortune pour sa Patrie, se signaloit en Lorraine pour la défendre, il chaffoit les Brigands et il exposoit tous les jours sa vie. La lettre que je fis imprimer au mois de Juillet, en 1789, sur le complot cromveliste, m’attira la haîne du généreux Philippe, que je n’attaquai point, mais que je voulois rappeller aux principes de la justice et de l’humanité dont il s’étoit montré d’abord le protecteur et le soutien ; s’il eût été ce qu’il devoit être et ce qu’il seroit aujourd’hui, plus que Souverain, en se montrant à la fois l’appui du Peuple et l’ami du Roi ; mais loin de s’arrêter à des çonseils augustes d’une femme ; il punit dans mon fils mon pur civisme et mon intégrité.

M, de la Fayette est instruit de ces faits, il promet avec justice de placer mon fils qui ne demande que de l’emploi pour défendre la bonne cause. Dix-huit mois s’écoulent en vaines démarches, les Ministres n’ignorent point