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Que la Nation augmente le traitement des Ministres de vingt à trente mille livres, qu’elle retienne annuellement cent mille livres, dont elle fera valoir l’intérêt au profit de l’augmentation autant d’années qu’il resteront au ministère, autant de cent mille livres de gratification ; si la punition est terrible, il faut que la récompense soit encore plus grande. Forcez les Ministres à ne dépenser que trente mille liv. par an, ils n’auront à leurs tables qu’un petit nombre d’amis, qui ne corrompront pas leurs mœurs ; forcez les encore à répondre exactement à tous les Citoyens, qu’ils donnent toujours la preuve de leur activité et de leur exactitude ; le Gouvernement leur paye assez de Commis pour cette correspondance. Attachez cette branche à leur responsabilité, et vous détournerez ces plaintes perpétuelles qui font perdre cette considération que les Ministres doivent avoir dans l’opinion publique ; épurez cette opinion, vous épurerez en même tems la place du Ministre ; égalez sa récompense à ses devoirs, rappellez-le à toutes les vertus ; mais si vous n’attachez pas à ses vertus l’intérêt de l’homme, il sera toujours susceptible d’être corrompu dans son poste : dans l’espoir de cette retraite, il donne évidemment la préférence à la récompense Nationale