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On leur dit, d’après mon projet en 1788 sur la responsabilité des Ministres : vous êtes garans de toutes les sottises qui se commettront dans votre département, et si vous vous conduisez d’une manière irréprochable, vous n’aurez rien, certes, vous irez peut-être à Orléans, ce n’est pas là ce traitement que j’avois proposé, il est atroce, inhumain, injuste, et conduit indubitablement à la fourbe et à la rapine.

Jadis on tiroit les Ministres du sein de la fortune, aujourd’hui, on les arrache du sein de l’indigence ; on leur fait goûter tout à coup les délices de la mollesse ; on leur dit : voilà cent mille francs pour l’entretien de votre table, de votre maison ; de cette vie frugale ils passent dans une vie somptueuse. Ce n’est plus un bouilli servi sans apprêts, ces repas sont des festins continuels, la liste civile vient à l’appui de ce luxe dépravé, elle fait appercevoir un avenir terrible, on redoute son état primitif : on apperçoit de loin et avec horreur l’approche de son grenier ; il faut opter, l’ambition et la fortune vous prennent au colet le Ministre. Eh ! quel est l’homme qui pourroit résister à leurs amorces. [1] Voici les moyens que je crois infaillibles.

  1. Je suis loin cependant de croire qu’aucun ai succombé, je ne suppose que le possible.