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che, qu’on éloigne du sein social les perturbateurs, et chaque François deviendra un Hercule pour défendre ses foyers.

Combien il auroit été plus prudent de trouver un moyen forcé d’accommodement dans l’origine ! Si on eût coupé les vivres aux Émigrans, intercepté tout ce qui pouvoit fournir à leurs odieux projets ; mais l’esprit François n’a point prévu les choses de si loin ; tantôt il établit l’inquisition de la parole et de la sortie du Royaume, tantôt il l’atténue et la révoque ; mais a-t-il dormi sur cette sage précaution que l’esprit François établit la liberté parfaite ? le changement est son élément, et je ne serois pas étonnée que dans un choc violent il ne finît par demander la contre-révolution. Il est fou de tout, il se fatigue de tout, j’ai désiré avant la révolution le régime actuel : le désordre qui se propage, le mauvais choix de l’Administration publique, les nouveaux abus aussi effroyables que les anciens et le changement perceptible des opinions, tout m’apprend que l’esprit François n’a eu que de l’effervescence et qu’il ne seroit jamais digne de la liberté tant que cette liberté ne prendra pas une force publique pour le maintien de la loi et de l’ordre social.

Il me faudroit un volume pour m’étendre