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a-t-il-prévu le danger ? Ça été le moindre de ses soucis ; il a suivi la pente naturelle, il a fait des chansons, des bons mots, des grandes périphrases entortillées, dénuées de logique, des motions métaphysiques, des antithèses qui ne prétendent aucune opposition frappante, des chûtes de discours où l’Auditoire ne comprenoit rien, encore moins l’Auteur ; mais on applaudissoit, et sur-tout des pétitions ampoulées où l’on ne voyoit régner que la recherche d’un style brillant, élevé, et qui présentoient autant d’opinions et de partis opposés, que de diversités dans les intérêts particuliers de chaque individu ; voilà l’esprit François et ses sublimes avantages sur tous les Peuples connus. Vive l’esprit François, vive son harmonie, vive son égalité, vive sa sage prévoyance !

En vain ma voix a voulu appeller la sagesse dans ces heureux climats, les présomptueux François m’ont gratifiée, pour prix de mon pur civisme et de ma sage prévoyance, de l’épithète de folle. Certes, chacun attaqué de mon mal et muni d’un double brevet de la Déesse qui préside à tout dans ce nouveau régime, et qui agite ses grelots d’une force surnaturelle, qui hurle, qui crie contre les véritables intérêts de la Patrie, me détache tous ses dif-