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premierement s’i travaillierent. Dont il nous est si grant[1] mestiers de ce que nous avouns escriptes a ce pou que[2] nous[3] en savons[* 1]. Car se clergie feust[4] perdue, l’en n’eüst ja riens seü de Dieu ne que Diex feust[5], ne jamès les genz ne seüssent quel[6] chose il deüssent miex fere[7]. Si fust tout[8] li mondes dampnez, dont nous fusiens nez de male heure[9][* 2]. Car riens ne fust seüe par hommes[10], ne que[11] par bestes mues[* 3].

Et tout[12] [F° 22 b] li biens est seüz orendroit, et tout[13] venuz des[14] ·vii· arz que cil trouverent par leur sens. Car par ce orent il porpensement [15] de Dieu amer et sa vertu, et que Diex est touz jours et sera sans[16] fin. Si le crurent plus de foi, si comme en la loy[17] ancienne. Mès[18] orendroit perissent les clergies par nos envies et par noz maus[19], si que pou en ont retenu et uns et[20] autres. Car nus n’i ose mès[21] entendre pour les riches medisans, mauvès[22] et en-[F° 22 c]vieus, qui nul bien ne veulent[23] aprendre. Et s’il voient aucun entendre a clergie dont il ne puisse estre riche, de quoi il soient a aise, tantost le[24] veulent gaber et escharnir.

Mès[25] ainsi les veult[26] cil loer qui est et leur mestre[27] et leur sire et a qui[28] leur mesdire plest[29], tant qu’il leur[30] en rendra si grant loier[31] qu’il

  1. — B : granz.
  2. — A : a ce que pou nous... ; B, N : avons, a ce pou que...
  3. — B : nous ; N : nos.
  4. — B : fust.
  5. — B, N : fust.
  6. — B : que ; N : quel.
  7. — B : faire.
  8. — B : touz.
  9. — B : de « dampnez » à « Car » manque ; N : dampnez, dont nos fussons nez de male heure. Car... ; A : huere.
  10. — B : houme ; N : home.
  11. — A : ne quel ; B : « quel » manque ; N : ne que.
  12. — B : touz.
  13. — B : touz.
  14. — B : de.
  15. — A : porpenserement ; B, N : pourpensement.
  16. — B : sanz.
  17. — B : loi.
  18. — B : Mais.
  19. — B : nons maus et nons envies.
  20. — B : retenu ne uns ne.
  21. — B : mais.
  22. — B : mesdisanz, mauvais.
  23. — B : voulent.
  24. — A : les.
  25. — B : Mais.
  26. — B : veut
  27. — B : maistres.
  28. — B : sires et a cui.
  29. — B : plaist.
  30. — B : « leur » manque.
  31. — B : loer.
  1. * « Et font a blasmer... nous en savons. »

    Manuscrit Sloan 2435 :

    Et por ce font plus a blasmer
    De ce dont cil font a loer
    Qui s’entraveillerent premiers.
    Dont il nous est si granz mestiers
    De ce qu’escrites les avons,
    Et cel po que nous en savons.

    Variante d’après Arundel 52 :

    De ço qu’escrites les avons
    Iço pou que nous en savons.

    Ce passage obscur n’est pas facile à expliquer. On s’attendrait peut-être à une leçon telle que « Dont il nous est si grand mestiers que nous avouns escript ce pou que nous en savons. » Mais la forme « escriptes » est confirmée par la version en vers.

    Même la correction « de ce que nous les avouns escriptes iço pou que nous en savons » offre des difficultés.

    Le sens de la phrase est probablement le suivant : Et ils (les mauvais clercs) méritent d’être blâmés pour ce dont ceux qui travaillèrent d’abord aux sept arts (i) méritent d’être loués. Nous avons si grand besoin de ces arts que nous avons mis par écrit le peu que nous en savons.

  2. * La forme ue pour eu est fréquente. Ex. : Ponz-suer-Saigne, pruedons, suel (Suchier, Altf. G. p. 31). Nous ne pouvons cependant confirmer huere, et, le cas étant isolé dans le ms. A, nous corrigeons : heure.
  3. * « Car... mues » : Car alors les hommes n’auraient rien su, pas plus que des animaux muets.