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quanqu’il porent pour mieulz connoistre bien[1] et mal. Et ne s’en espargnoient de riens, et ne vouloient pas si tot[2] croire la chose devant qu’il la[3] savoient a voire, ne quanqu’il trovoient[4] en leur livres, devant qu’il avoient prouvé, pour mieulz Dieu connoistre et amer[* 1]. Ainz cerchoient et par mer et par terre, tant qu’il avoient tout[5] encerchié. Puis s’en retournoient [F° 124 d] arreres[6] leur estuide[7], pour aprendre touz jorz[8] clergies et bonnes[9] mors[10]. Si amoient tant philosophie pour euls connoistre en bien et en droite vie.

Mais pour ce que[11] nous avons nommée philosophie[12] pluseurs foiz, et quel[13] chose c’est, et dont si granz biens vient que l’oume puet a ce mener de lui connoistre et d’amer Dieu, si vous dirons que ce est.

  1. * « et ne vouloient... amer » : et ils ne voulaient pas croire une chose avant d’en être certains, pas même ce qu’ils trouvaient dans leurs livres, à moins de l’avoir prouvé, (et cela) pour mieux connaître et aimer Dieu.
  1. — B : et bien.
  2. — B : tost.
  3. — B : devant qui la...
  4. — B : trouvoient.
  5. — B : « tout » manque.
  6. — B : retornoient arrieres.
  7. — B : estudes.
  8. — B : jours.
  9. — A : bonnos.
  10. — B : meurs.
  11. — B : Mais puis que.
  12. — B : phylosophie.
  13. — B : que.


xiv[a].
Que est philosophie, et de la response Platon.

Philosophie si est connoissance de [F° 125 a] Dieu et fine amor[1] de sapience, et savoir[2] les couvines de[3] choses devines et des humainnes pour connoistre Dieu et son pooir quels[4] il doit estre : si qu’il se peüssent[5] a ce mener que il[6] se peüssent touz donner a Dieu[* 1]. Qui bien connoist Dieu et sa vie, si set philosofie[7] entierement. Tuit sont bon philosophe[8] qui ont d’euls droite connaissance. Dont Platon[9] respondi a aucun qui li demanda en communité et li dist que il[10] avoit apris, qui tant, [F° 125 b] avoit mis son tens en estuide pour aprendre : « Car nous faites entendre[11] aucun bien, et nous dites aucun bon mot. » Et Platons, qui sot[12] plus que nus, li dist, si comme a cuer dolent, qu’il n’avoit riens apris fors que tant qu’il se sentoit autresi comme ·i· vaisseil[13] tout[14] vuit et de jours[15] et de nuiz. Itant leur respondi Platons, et non plus. Et si estoit[16] li[17] plus sages hons que l’en seüst[18] adonques[19] en tout le monde, et de la [F° 125 c] plus parfonde science.

N’en diroient ore pas autant cil qui ores sont. Ainz feroient samblant

  1. — B : amour.
  2. — B : et de savoir.
  3. — B : des.
  4. — B : pooir quels il est et quels...
  5. — B : puissent.
  6. — B : qu’il.
  7. — B : phylosophie.
  8. — B : Tuit son bon phylosophe.
  9. — B : Platons.
  10. — B : qu’il.
  11. — A : ententendre.
  12. — A : soit.
  13. — B : vaisel.
  14. — B : touz.
  15. — B : jourz.
  16. — B : estoit adonques.
  17. — A : si.
  18. — B : que le seüst.
  19. — B : « adonques » manque.
  1. * « si qu’il... Dieu » : de telle façon que les hommes pussent en venir au point de pouvoir se vouer entièrement à Dieu.
  1. [F° 124 d126 d = Vers 5812-5917.]