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qui jamais porroient estre, n’avendroient nulles[1] diversetez. Et de touz les tans ravendroit[2] il autresi. Car il seroient trestuit chier ou trestuit vill. Tuit seroient adès pareill, comme cil qui par le souleill seroient adès demené et eschaufé et[3] gouverné. Car il vait isnelement touz jourz, [F° 108 d] et parfait son cours chascun anz[4], et tient sa droite voie adès, comme cil qui ne se desvoie point.

Mais il est li[5] droiz voiles de toutes les[6] autres estoiles. Car c’est la plus fine de toutes ; et enlumine toutes les autres par la grant clarté qui est en lui. Et toutes choses naissent par lui. Et plus a en terre de pooir des choses, dont l’en puet enquerre nature et raison et droit, que nulles[7] des autres estoiles. Mais aucune[8] foiz li restraingnent [F° 109 a] ses chaleurs et puis li engraingnent, selonc ce que eles sont loing[9] ou près, si ont aucunes foiz besoing[* 1]. Ausi comme l’en voit d’un roi[10] qui est plus sires et plus puissanz endroit soi pour sa hautesce que nus autres de ses genz. Et si li ont il souvent mestier, comme cil qui aidier li doivent. Car que plus est près de ses genz, tant est il plus forz[11] et plus puissanz ; et que plus s’esloingne de ses genz, tant fait il[12] mains de sa besoingne[13]. [F° 109 b] Autretel vous di je du souleill, qu’il est[14] si comme vous avez oÿ des estoiles li[15] plus puissanz et plus granz[16] et plus vertueus. Dont il a plus grant pooir en terre que autre estoile ne puet avoir ; les autres i ont leur pooir chascune si comme[17] eles sont.

Mais puis que nous vous[18] avons conté, au plus briément que nous savons, de la vertu du firmament, si vous dirons après briément comment li mondes fu [F° 109 c] mesurez, et en hautes choses et en parfondes, de toutes parz, de lonc et de lé, par ceuls qui sorent[19] les ·vii· arz. Dont geometrie en[20] est une ; par quoi[21] li soulaus et la lune et la terre et li firmamenz sont mesurez, et dedenz et dehors, combien chascun a de longueur et combien[22] il a de grandeur ; et combien il a de la[23] terre jusques au firmament, et tout le grant des estoiles. Car c’est prouvé par droit esgart. Et cil qui cest[24] art trouverent virent qu’il ne pourroient[25] mie savoir a droit d’[26] a-

  1. — B : nules.
  2. — A : ravedroit.
  3. — B : « demené et eschaufé et » manque.
  4. — B : an.
  5. — B : « li » manque.
  6. — B : « les » manque.
  7. — B : nulle.
  8. — B : Mès aucunes.
  9. — B : ou loing.
  10. — B : roy.
  11. — B : fors.
  12. — B : « il » manque.
  13. — B : besoigne.
  14. — B : soleill, qui est.
  15. — B : le.
  16. — A : et plus granz et plus granz ; B : le plus granz et plus grant.
  17. — A : commes.
  18. — B : « vous » manque.
  19. — A : seroient.
  20. — B : « en » manque.
  21. — B : quoy.
  22. — A : « chascun a de longueur et combien » manque.
  23. — B : « la » manque.
  24. — B : ceste.
  25. — B : porroient.
  26. — B : « d’ » manque.
  1. * « Mais aucune... besoing » : Mais quelquefois sa chaleur diminue ou augmente d’après leur besoin et selon qu’elle est proche ou éloignée (elle, eles = la chaleur).

    Le sens de la phrase telle que nous la lisons semble s’accorder avec la comparaison suivante du roi et de ses sujets. Le sens ne serait pas essentiellement différent si nous lisions « elles sont proches » (i. e. elles = les choses de cette terre) au lieu de « elle est proche ».