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i. b.
Pour quoi[1] l’en ne voit[2] les estoiles de[3] jourz[4].

Les estoiles du firmament, a cui li [F° 97 d] soulaus rent leur clarté, font adès par nuit et par jour leur tour avoec le firmament tout a adès deseure et desouz. Mais celes qui sont desus nous, ne poons nous[5] veoir de jours. Car li soulaus[6], par sa grant clarté, nous en tost[7] la vëue[a]. Tout ausi comme de chandoiles que vous verriez en loing de vous toutes ardanz ; et se il avoit ·i· grant feu entre vos[8] et les chandoiles, qui rendist grant lumiere, il vous toldroit[9] a veoir les chandoiles [F° 98 a] de voustre[10] esgart. Et qui metroit le feu d’autre part darrieres[11] vostre dos, si porriez tantost reveoir arrieres les chandoiles ardanz devant vous : Autretel vous di je des estoiles, que l’en ne puet veoir de jourz[12], tant comme li soulaus face son cours par desus la terre. Mais quant il est desouz, si les vëons, tant qu’il renaist sus terre arrieres.

Celes qui sont desus nous de jours[13] en esté, celes si resont en yver par nuit desus nous ; et celes d’esté si[14] sont de-[F° 98 b]souz. Car celes que nous vëons en esté, celes ne poons nous veoir en yver. Car li soulaus, qui va entour nous, toult de celes la clarté qui sont par jour la ou il est, tant qu’il se trait[15] ensus de eles[16].

Mais toutes sont enluminées, quel part que eles soient tournées, et de nuit et de jours, tant[17] comme li solaus[18] vait entour haut et bas, resplendissant adès, fors celes qui sont près[19] de la terre. Car tant comme[20] li ombres peut[21] comprendre, ne peut[22] rendre li solaus[23] [F° 98 c] clarté. Que vous pouez entendre par la figure, ce que ele vous en figure.

Ausi li ombres se descroit[24] par le souleill[25] qui est plus granz[26] que la terre, et fenist en apetiçant[27], et dure plus loing de terre que la lune n’est en haut. Mès il defaut desus la lune.

i. c.
Pour quoi[28] l’en ne voit le souleill de nuiz[29].

La terre si est cele qui nous desfent[30] le jour que li solaus nous rent[31]. Se la terre estoit si clere que l’en peüst veoir par mi tout outre, l’en verroit

  1. — B : quoy.
  2. — B : veoit.
  3. — A : des
  4. — B : jors.
  5. — B : « nous » manque.
  6. — B : soullaus.
  7. — B : toult.
  8. — B : vous.
  9. — B : toudroit.
  10. — B : vostre.
  11. — B : darriere.
  12. — B : jors.
  13. — B : jourz.
  14. — B : « si » manque.
  15. — B : traist.
  16. — B : d’eles.
  17. — B : nuiz et de jourz, et tant.
  18. — B : souleil.
  19. — A : « près » manque.
  20. — B : comment.
  21. — B : puet.
  22. — B : puet.
  23. — B : soulleil.
  24. — B : descroist.
  25. — B : souleuls.
  26. — Les derniers mots du f° 88 d du ms. B sont : « qui est plus granz ». Les premiers mots du f° 89 a sont : « ... adonques si l’apelons ». Fos 98 c jusqu’à 99 c du ms. A manquent donc dans le ms. B.
  27. — N : apeticent.
  28. — N : Por coi.
  29. — N : soleil de nuit.
  30. — N : est ce qui nos deffent.
  31. — N : que le soulleil nos rent.
  1. « Les estoiles... nous en tost la vëue. » Honorius Aug. I. 89.