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Mais li esparz[1] du tonnoirre[2] apert ainçois que vous en oiez la voiz. Car li veoir de l’oume[3] est plus soutis que n’est li oÿrs[a]. Si comme, quant l’en voit de loing outre une yaue batre dras ou ferir martiaus, l’en voit avant les cops de cels[4] qui fierent cou-[F° 89 a]chier arrieres que l’en oie[5][* 1] le son du coup[* 2]. Tout autresi[6] vous di je du tonnoirre que l’en voit[7] avant que l’en l’ait oÿ. Et de tant comme il est plus ensus de nous, de tant s’esloingne[8] plus li sons de l’espart ; puis que l’en l’a veü, ainçois[9] que l’en oie sa vertu [b]. Et que plus tost est oÿz[10] après l’espart, tant est li tonnoirres[11] plus près.

xvi[c].
Comment li vent[12] naissent.

Des venz peut[13] l’en enquerre raison par les mers. Et environ la terre keurent[14] souvent, [F° 89 b] et s’entrecontrent[15] en aucun lieu si durement qu’il s’eslivent[16][* 3] contremont, si qu’il deboutent l’air amont. Et li airs, qui est deboutez par force et ostez[17][* 4] de son lieu, remuet l’autre air en tele maniere qu’il retorne ausi comme arrieres. Et s’en vait ausi ondoiant comme l’yaue[18] qui est corant[19]. Car venz n’est autre chose que airs qui est esmeüz, tant que sa force soit abatue du tot[20][d] Ainsi vienent[21] souventes foiz nues et pluies et tonnoirres et escrois, [F° 89 c] et les choses que nous avons dit devant. Si y a enquore[22] autres resons[23] comment tels choses aviennent. Mais celes qui mieulz[24] y affierent avons nous briément

  1. — B : espars.
  2. — B : tonnaire.
  3. — B : l’omme.
  4. — B : corps de ceuls.
  5. — A : l’en i oie.
  6. — B : autressi.
  7. — B : l’en le voit.
  8. — A : de tant l’esloingne.
  9. — A : amoois.
  10. — B : oïz.
  11. — B : tonnoires.
  12. — B : venz.
  13. — B : puet.
  14. — B : courent.
  15. — B : s’entrencontrent.
  16. — B : s’eslievent.
  17. — A : ostelz.
  18. — li : l’iaue.
  19. — B : courant.
  20. — B : tout.
  21. — B : vienuet.
  22. — B : encore.
  23. — B : raisons.
  24. — B : miex.
  1. * L’i du ms. A doit s’omettre. Le scribe écrit en un mot « ioie », avec un point sous l’i, signe qu’il emploie d’ordinaire pour signifier que la lettre ainsi marquée doit être omise.
  2. * « l’en voit... du coup » : on voit d’abord les coups de ceux qui frappent s’abaisser avant d’entendre le son du coup.
  3. * « eslivent » : ce mot ne reparaît sous aucune forme dans le ms. A. Les nombreux exemples du changement de ie en i dans le ms. A, et les cas parallèles dans d’autres textes semblent justifier l’orthographe. Cf. p. 59, note.
  4. * « ostelz » : cas isolé dans le ms. A, et non confirmé par d’autres textes. Stimming (o. c. p. 211) donne des exemples de l’addition d’un « l » (provolt, voils, olreille). Le seul autre cas dans A est « plaist » f° 90 d.
  1. « Mais li esparz... li oÿrs. »
  2. « Si comme... que l’en oie sa vertu. » a : Philos. Mundi, III. 10. a et b : Adélard de Bath, o. c. Quæst. 68. V. Introduction p. 45, n. 4.
  3. [F° 80 A — 89 C = Vers 3982-4005.]
  4. « Des venz peut... abatue du tot. » Philos. Mundi, III. 15. Sydrach S. 127. Neckam I. 18.