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assamble en l’air et amasse pour la chaleur qui la chace après et[1] li soulaus qui près la[2] serre ; et endurcist et chiet a terre[* 1]. Mais ele ne chiet pas si grosse a terre comme ele naist en haut. Car ele vient depeçant et amenuisant au cheoir. [F° 88 a] Et c’est la tempeste qui chiet souvent en esté, qui grieve a moult de choses[a].

  1. * « Si que... chiet a terre » : la moiteur qui naît en l’air se change en gelée, s’assemble en l’air et forme une masse à cause de la chaleur qui l’accompagne et du soleil

    qui en est proche. Alors elle durcit et tombe à terre.

  1. « Car en air naissent... moult de choses. » Honorius Aug. I. 60. Sydrach S. 127. Neckam De laud. IV. 188.
  1. — B : « Et » manque.
  2. — B : le.


xv d[a].
Des esparz[1] et des tonnoirres[2].

En l’air aviennent moult de choses dont les genz ne parolent[3] gaires. Car il n’ont cure de teles choses dont il ne sevent a chief venir.

Ce qui fait la terre croller, et qui fait tonner les nues, et ce qui fait ouvrir la terre, ce fait les nues espartir. Si comme l’en voit quant il tonne. Car tonnoires et esparz[4] n’est que deboutement de venz qui s’en-[F° 88 b]trecontrent[5] desus les nues si durement, que en leur venue naist souvent aucuns feus en l’air. Et ce est foudre qui chiet en main lieu, que li vent destraingnent[6] si durement que les nues en fendent et derrompent ; et fait tonner et espartir. Et chiet aval par tel force, pour le vent qui le destraint si durement, que il confont quanqu’il ataint[b], si que il ne dure riens contre lui. Et est de si pesant nature que aucune foiz perce [F° 88 c] la terre jusques en mi. Et aucune foiz estaint ainçois, selonc ce qu’il ne poise pas tant, ne pas n’est de si fort[7] nature.

Car quant la nue est bien oscure[8] et espesse[9], et qu’il y a grant plenté d’yaue, si ne l’a pas[10] li feus si tost passée. Ainz estaint en la nue, pour[11] la grant plenté de pluie qui est dedenz, ainz qu’il la puisse trespercier ; si ne peut aprouchier[12] la terre. Mais a l’estaindre qu’il fet adonques en la nue, naist ·i· son si fort, que ce est merveilles a oÿr[13]. [F° 88 d] Et c’est li tonnoires[14], qui moult fait a douter. Tout autresi comme d’un fer chaut et ardant que l’en bouteroit en plainne cuve d’yaue, si en naist ·i· grant son ; ou quant l’en i estaint charbons[c].

  1. — B : espars.
  2. — B : tonnaires.
  3. — B : paroillent.
  4. — B : tonnarres.
  5. — B : s’entrencontrent.
  6. — B : destraint.
  7. — B : forte.
  8. — B : obscure.
  9. — B : et bien espesse.
  10. — B : si n’a la pas.
  11. — B : por.
  12. — B : puet trespercier.
  13. — B : oïr.
  14. — B : tonnairres.
  1. [F° 88 a89 a = Vers 3924-3981.] Le manuscrit en vers fait de XV d un chapitre séparé et non pas une section de chapitre.
  2. « Ce qui fait la terre... quanqu’il ataint. » Philos. Mundi III. 10. Neckam De laud. III. 97-118. Sydrach Add. 136 ; S 125, 126. Isidore Etym. XIII. 8 et 9.
  3. « Et est de si pesant... estaint charbons. » Neckam, De laud. III 97-118. V. Introduction p. 45.