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et art, ausi comme se[1] ce fust une fournaisse[2] ardant ; et l’yaue qui a son cours[3] par ces vainnes et par ces lieus devient ausi chaude comme feu. Et s’il avient que l’yaue saille par la endroit hors de la terre, ele s’en ist toute enflambée sourdant, et toute boillant ausi comme [F° 80 c] ampoise[a]. Mais que plus loing s’encourt d’illuec[4], de tant sourt ele[5] mains chaude et mains ardant. Et puet courre si loing que en la fin redevient toute froide. Car il n’est riens[6] si chauz[7] qui ne refroide, fors que li feus[8] d’enfer qui toz[9] jourz art et ardra sanz fin.
Dedenz terre a mainz autres lieus qui sont plains d’ordes bestes venimeuses, si que l’yaue qui vient par la en devient toute venimeuse, et sourt en [F° 80 d] aucun lieu seur terre. Mais[10] qui en boit, si va querre sa mort.

  1. — B : « se » manque.
  2. — B : fornaise.
  3. — : cors.
  4. — B : iluec.
  5. — B : elle.
  6. — Les derniers mots du f° 72 d du manuscrit B sont : « il n’est riens ». Les premiers mots du f° 73 a sont : « cele yaue d’un puits ». Les fos 80 c à 81 c du manuscrit A manquent donc dans le manuscrit B. Les « variae lectiones » sont celles du manuscrit de la Bibliothèque Nationale « Nouvelles acquisitions françaises 6883 » désigné par N.
  7. — N : chaut.
  8. — N : le feu.
  9. — N : touz.
  10. — N : mès.
  1. « Car dedenz terre... ampoise. » Honorius A. I. 48. Sydrach Add. 134.


xi[a].
Des diverses fontainnes.[b]

Autres fontainnes[1] sont ailleurs qui muent leur couleurs moult[2] souvent. Et autres dont il vient miracles ; mais[3] l’en ne set pas bien dont ce est. En la terre de Samarie en a une qui se varie et change sa couleur ·iiii· foiz en l’an : premierement vert, et après sanguine ; et puis devient troble. Et puis[4] devient clere et nete et fine, si que [F° 81 a] l’en se delite en li regarder ; mais l’en n’en ose boivre.

Une autre en i ra qui sourt la semainne ·iii· jours[5] ou ·iiii· bonne et sainne[6] ; et les autres ·iii· jours[7] se tient toute[8] coie et toute seche.

Un flueve i ra qui court ·vi· jours[9] en la semainne, et au samedi ne se muet. Car[10] lors se rembat en terre quant vient au samedi.

Vers Acre si a une maniere de sablon, dont l’en fet[11] voirre bon et cler,

  1. — N : fonteines.
  2. — N : coleurs mout.
  3. — N : mès.
  4. — N : trouble. Et après devient.
  5. — N : jourz.
  6. — N : bone et saine.
  7. — N : jourz.
  8. — N : tote.
  9. — N : jourz.
  10. — N : ne se muet. Si apele l’en cel flueve le Sabat. Car...
  11. — A : l’en faire.
  1. [F 80 D — 83 A = Vers 3572-3683.] Le ms. en vers n’a pas de chapitre spécial ici. Le chapitre suivant commence au vers 3684.
  2. La source du chapitre entier se trouve dans Jacques de Vitry (85). La même description se trouve aussi dans Neckam (II, 3, 7, 8), dans Isidore (Etym. XIII 13 et 14), et dans Solin (4, 5, 6, 7, 21, 29). Une description abrégée se trouve dans Sydrach Add. 155.