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[F° 73 c] a lui que ele l’a mort outréement. Ele remue si souvent les[1] faons d’un lieu en autre que a painnes les peut nus[2] trouver[a]. Li heriçons abat les pommes[3], et se toeille[4] dedenz, et les enbat[5] en ses aiguillons, et s’en va, si chargiez comme il peut[6], chantant et menant son deduit quant il se sent bien chargiez. Et, se aucune beste li veult mal faire, si se met en ·i· moncelet, piez et teste, et tient ses aiguillons entour sa pel, si que[7] nulle beste ne l’ose ato-[F° 73 d]chier pour les[8] espingnons[9] [b]. Li aigniaus[10], qui onques ne vit le leu, le doute et le fuit, et ne doute point autres bestes, et va hardiment[11] entre eles[c].

  1. — B : ses.
  2. — B : puet nus ; C : peust nulz.
  3. — B : poumes.
  4. — B : toueille.
  5. — B : embat.
  6. — B : puet.
  7. — B : ques.
  8. — B : atouchier pour ses.
  9. — B : espignons.
  10. — B : aigniaux.
  11. — B : hardiement.
  1. « La mustele... nus trouver. » Solin 27 ; Isidore, Etym. XII. 3. 3 ; Jacques de V.92 ; Neckam II. 123 ; Giraldus Cambr., Topog. Hib. I. 27.
  2. « Li heriçons abat... espingnons. » Jacques de V. 92.
  3. Li aigniaus... entre eles. » Jacques de V. 92.


vi c[a].
De la maniere des oisiaus[1].

Li aigles prent ses poucins par ses[2] ongles. Et celui qui se tient fermement aimme et le retient avoec lui. Et celui qui se tient foiblement[3][* 1] laisse aler et ne s’en prent garde. Quant ele est vieille, si vole[4] si haut qu’ele[5] passe les nues en haut. Et tient tant sa veüe [F° 74 a] el souleill[6] que ele l’a toute pardue[7] et arse, et que ses pennes sont toutes brullées. Et lors chiet aval tout en ·i· mont en une eave que ele a avant choisie. Et ainsi a sa vie renouvelée. Et quant sont[8] bec est trop lonc, si le brise[9] a une dure[10] pierre et le raguise[b].

Quant la turterele a perdu son male[11] que ele a premierement conneü, jamais autre malle[12] n’avra, ne ne sera sus arbre vert. Ainz s’en vait par les arbres [F° 74 b] sés[13] touz jourz[14] gemissant[c].

L’ostruce menjue bien fer ; ne ja riens ne li grevera[15][d].

  1. — B : oissiaus.
  2. — B : les.
  3. — A : ffoiblement ; B : fieblement ; C : foiblement.
  4. — B : volle.
  5. — B : que ele.
  6. — B : soleill,
  7. — B : toute perdue ; C : perdue ; N : perdue.
  8. — A : sont ; B, C : son (« sont » [suum] : cf. p. 89, note).
  9. — B : bruise.
  10. — B : « dure » manque.
  11. — B : marle.
  12. — B : marle.
  13. — C : arbres secz touz ; R : par les arbres, ses amours continuellement gemissant.
  14. — B : jours.
  15. — B : ne ja ne li grevera riens ; C : grevera, et quant elle a pont sez œufz qui sunt mult groz, et elle lez voult couver, si lez enfouy dedanz sablon au ray du souleil, et la lez couve de son regart.
  1. * « ffoiblement » : forme isolée dans le ms. A et que nous n’avons pu confirmer par d’autres textes. Peut-être faudrait-il lire « floiblement » : cf. f° 59 A. « Foible » est l’orthographe ordinaire dans le ms. A.
  1. [F° 73 d75 b = Vers 3232-3303.]
  2. « Li aigles prent... le raguise. » Isidore, Etym. XII. 7. 10-11 ; Jacques de V. 92 ; Neckam I. 23 ; Giraldus Camb., Topog. Hibern. I. 13.
  3. « Quant la turterele... gemissant. » Jacques de V. 92 ; Neckam I. 59.
  4. « L’ostruce... grevera. » Jacques de V. 92 ; Neckam I. 50 ; Isidore, Etym. XII. 7. 20.