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nous en avons ·ii·. Ausi comme nous nous merveillons de ce qu’il n’en ont que ·i· Et ausi comme nous devisons leur [F° 71 a] bestes et les nommons par leur nons[1], ausi devisent il les nostres par les leur de cors et de membres. Si li centicores a piez de cheval, ausi ra li chevals piez de centicore. Et si poons enquore bien dire que li chevals a piez[2] de monotheros. Car il s’entreresamblent[3] de corsage[4]. Et ausi leur resamble il de noz[5] bestes que eles sont diverses de testes et de cors et des[6] membres.

  1. — A : nous ; B : nons ; C : nomz.
  2. — B : cors.
  3. — B : s’entreressamblent.
  4. — B : coursage.
  5. — B : nos.
  6. — B : de.


vi a[a].
Des diversitez qui sont en Europe et en Aufrique.

[F° 71 b] Nous avons maintes choses par de ça dont il n’ont par de la nulles. Il a devers Yllande seur[1] la mer uns oisiaus qui volent ; et croissent en[2] arbres par les bés ; et quant il sont presque meür[3], cil qui chieent a terre ne pueent vivre, et cil qui chieent[4] en yaue vivent[b].

En Yllande[5] a une grant ylle ou il n’a ne serpant ne male[6] beste. Qui porte de la terre de cele ylle en autre[7] terre, la vermine i est tantost morte[c].

Une[8] autre en i ra qui est bien loing en mer, ou nulles[9] femmes ne [F° 71 c] pueent demourer[10]. Neïs les oisiaus qui sont femeles[11] s’en traient en sus[d].

Si en y a une autre ou nulles[12] genz ne pueent mourir[13] en nul tans[14] du monde. Mais quant il sont si vieill et si crollant[15], et que les menbres leur duelent tant qu’il ne se pueent aidier ne euls soustenir, et que il[16] ont plus chier a mourir que a[17] vivre, si se font porter en une autre ylle pour mourir[18], outre cele qui a non Tylle[e]. Et li arbre qui sont [F° 71 d] en cele[19] ylle tiennent leur fueilles en verdure tout tans[20], et yver et esté. Cele part n’a que ·i· jour en l’an, dont la nuit dure ·vi· mois entiers toute

  1. — B : Yslande sur.
  2. — B : as.
  3. — B : meurs.
  4. — A : cil qu’il chieent ; B : cil qui chieent a terre ; C : cil qui cheent a terre ; A : « a terre ne pueent vivre, et cil qui chieent » manque ; B : ne pueent vivre, et cil qui chieent... ; C : ne peuent vivre, et cilz qui cheent...
  5. — B : Yslande.
  6. — B : serpanz ne malle.
  7. — B : en ·i· autre.
  8. — B : un.
  9. — B : nules.
  10. — B : demorer.
  11. — B : femmeles.
  12. — B : nules.
  13. — B : morir.
  14. — B : tens.
  15. — B : croulant.
  16. — B : qu’il.
  17. — B : morir qu’a.
  18. — B : morir.
  19. — B : icele.
  20. — B : « tout tans » manque.
  1. [F° 71 a72 c = Vers 3107-3178].
  2. « Il a devers... en yaue vivent. » Jacques de V. 92 (In quibusdam partibus Flandriæ) ; Neckam I. 48 (De Bernekke) ; Giraldus Cambrensis, Topographia Hibern. I 15 (De bernacis) (Opera ed. Demock. Londres, 1861-91. 8° vol. 5).
  3. « En Yllande... tantost morte. » Jacques de V. 92 ; Neckam, De Laud. V. 884 ; Giraldus Camb. Top. Hib. I. 28-31.
  4. « Une autre en i ra... traient en sus. » Giraldus Camb., Top. Hib. II. 4.
  5. « Si en y a... qui a non Tylle. » Giraldus Camb., Top. Hib. II. 4.