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HISTOIRE DU MOYEN-ÂGE

alla piller les côtes de Sicile. Son successeur Akbâb fonda, près de Tunis, la colonie de Haïroan ; mais un soulèvement des Berbers, dirigé par le maure Kuscilé, fit perdre aux Arabes le terrain conquis (675). Le khalyfe tourna les yeux du côté de l’Asie Mineure et s’occupa de mettre en œuvre toutes les forces navales qu’il amassait depuis longtemps (668). Son fils Yésid partit à la tête d’une flotte formidable. Six fois en six ans il assiégea Constantinople et fut toujours repoussé par les Grecs ; ceux-ci incendiaient les vaisseaux ennemis au moyen du terrible feu grégeois, qui trouvait dans l’eau de nouveaux éléments de combustion. Trente mille musulmans périrent dans ces expéditions ; elles furent enfin suspendues par un traité de paix avec l’empereur Constantin Pogonat : une clause imposait au khalyfe un tribut de trois mille pièces d’or, première humiliation infligée à l’Islam.

La mort de Moawiah devint le signal d’une révolte générale contre son fils Yézid (680). Deux de ses compétiteurs se maintinrent quelque temps, l’un en Perse, l’autre dans l’Irak et en Égypte. Mervan Ier reconquit cette dernière province ; et, dès l’avénement de son fils Abd-El-Malek (685), Hégiage écrasa tous les ennemis des Ommyades, rétablit l’unité de l’empire et affermit cette dynastie sur le trône.

Résolu à tous les sacrifices pour soumettre l’Afrique, Abd-El-Malek jeta dans le désert Libyque quarante mille musulmans, sous la conduite d’Hassan. Ce général conquit presque toutes les villes du littoral africain ; et malgré les efforts des lieutenants de l’empereur Léonce, Carthage tomba au pouvoir des Arabes. Cette antique cité fut démantelée et livrée aux flammes (698). Une dernière insurrection, d’abord victorieuse, dirigée par la reine Khahina, fut comprimée définitivement par Hassan qui décima les vaincus et fit déporter en Asie plus de trois cent mille Berbers. Les naturels du pays, ayant embrassé l’Islamisme, se confondirent peu à peu avec les vainqueurs dont le triomphe eut pour résultat l’anéantissement absolu du christianisme jusqu’alors si florissant