Page:Gosset - Histoire du Moyen-Âge, 1876.djvu/371

Cette page a été validée par deux contributeurs.
363
QUINZIÈME SIÈCLE

tantinople, Péra et Galata, en faisant transporter ses vaisseaux à force de bras sur un pont volant de planches graissées, allant du Bosphore au fond du golfe de la Corne d’or. Placé ainsi au milieu des défenses des Byzantins, Mohammed ordonna, dans la nuit du 29 mai 1453, un dernier et furieux assaut. À la tête de leurs soldats électrisés, Constantin et Justiniani défendirent les remparts avec un courage héroïque. Ils durent céder au nombre et ne purent empêcher les Janissaires d’arborer sur les murs l’Étendard du Prophète. Les assiégés se replièrent dans la seconde enceinte, n’ayant plus de chefs : car Justiniani était mortellement blessé et l’Empereur avait péri en se précipitant au milieu des rangs ennemis. Constantinople, prise quartier par quartier, fut livrée pendant trois jours au pillage et jonchée de cadavres. Soixante mille survivants furent vendus par les vainqueurs et le Croissant remplaça la Croix sur l’église Sainte-Sophie.

La chute de l’empire d’Orient est généralement considérée comme le dénoûment de l’histoire du Moyen-Âge. Dans la même année 1453, les trois Mayençais Gutenberg, Fust et Schœffer imprimaient une édition de la Vulgate, dite Bible aux quarante-deux lignes, et les Lettres d’indulgence du pape Nicolas V. L’imprimerie, précédée par la gravure en relief et en creux, ne date véritablement que de la mobilisation des caractères : cette grande invention ouvre l’ère des temps modernes.