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QUATORZIÈME SIÈCLE

tion des monnaies n’offrait qu’une ressource insuffisante, il dut se résoudre à les réunir de nouveau le 5 février 1357. La nouvelle assemblée, moins nombreuse que la précédente, se montra plus ardente encore. L’évêque de Laon, Robert le Coq, porta la parole pour le clergé, Jean de Pecquigny pour la noblesse, Étienne Marcel pour le tiers État. Le prévôt des marchands de Paris s’était acquis une grande popularité par l’énergie de son caractère et par la sagesse de son administration. À la nouvelle des désastres de la guerre, il avait promptement ranimé le courage des Parisiens, relevé et complété les fortifications de la ville, organisé militairement les citoyens et établi partout des chaînes de fer pour barricader les rues. Il rédigea avec Robert le Coq un cahier de doléances, que le Dauphin dut approuver, pour obtenir les subsides et les troupes dont il avait besoin. Il fut forcé d’accepter l’éloignement de vingt-deux ministres ou serviteurs de la couronne, d’abandonner la levée des impôts aux délégués des États, de s’interdire toute falsification des monnaies, tout détournement du trésor, tout rachat de crimes ; de renoncer à la vente des offices, des judicatures, et d’autoriser la formation d’un conseil de la couronne, composé de trente-six membres élus par les députés des trois ordres.

Pendant que les États-Généraux cherchaient à obtenir pour la nation ces réformes importantes, les campagnes étaient dans la plus déplorable situation. Les seigneurs pris à la bataille de Poitiers, relâchés en général sur parole, employaient jusqu’à la torture pour arracher l’argent nécessaire à leur rançon. Écrasés sous les impôts et sans cesse pillés par les soldats débandés, les laboureurs ne pouvaient plus cultiver la terre et n’échappaient à l’oppression des barons que pour mourir de faim. Une trève de deux ans, conclue avec l’Angleterre, n’empêcha pas les aventuriers de porter la dévastation en tous lieux, et les paysans n’eurent plus d’autre ressource pour vivre que le vagabondage.

Fatigué du contrôle des trente-six commissaires, le Dauphin leur défendit de s’assembler et déclara qu’il