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NEUVIÈME SIÈCLE

chefs de la rébellion furent emprisonnés dans un cloître. Cependant Peppin d’Aquitaine, dont l’ambition s’accommodait de tous les moyens, fit alliance avec ce même duc Bernard qui n’avait pu ressaisir les faveurs impériales et qui cherchait à se venger en fomentant une insurrection. Alors l’Empereur tint, à Angeac, un plaid solennel qui jugea le duc de Gothie coupable de félonie et le roi Peppin indigne d’une couronne. On ajouta l’Aquitaine à la donation faite à Karl. Louis de Bavière n’obtint rien, et Lother vit peu à peu son nom retranché des actes publics.

La guerre civile se ralluma bientôt. Les trois princes, Lother, Louis et Peppin se mirent à la tête de leurs troupes. L’armée de l’empereur et celle de ses fils se trouvèrent en présence dans la plaine de Rothfeld, près de Colmar, en Alsace. Trahi par ses soldats au moment de combattre, l’empereur dit à quelques vassaux dévoués qui, seuls, n’avaient point abandonné sa tente : « Allez auprès de mes fils, je ne veux pas que personne perde la vie pour moi. » Il se livra avec sa femme et son enfant (833). Judith fut reléguée au château de Tortone et Karl reclus dans l’abbaye de Pruym. Toutes ces perfidies firent donner au lieu qui en fut le théâtre le nom du Lügenfeld, c’est-à-dire le Champ-du-Mensonge.

Les trois frères se partagèrent les provinces, selon l’acte constitutif de 817. Lother conduisit son père à Compiègne, où il convoqua un Synode ecclésiastique. Louis fut sommé d’abdiquer la couronne, condamné à la pénitence canonique qui interdisait de porter les armes, et soumis à la dégradation publique. La cérémonie eut lieu dans l’église de Saint-Médard de Soissons, sous la présidence de l’archevêque de Reims, Ebbon, métropolitain de la province. On mit entre les mains de l’empereur un acte d’accusation contenant la longue liste des crimes qu’on lui imputait et dont les principaux étaient d’avoir dépouillé des seigneurs laïques et ecclésiastiques, d’avoir extorqué des parjures au peuple, et exposé l’État à la ruine en faisant des partages capricieux qui avaient provoqué la guerre civile.