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HISTOIRE DU MOYEN-ÂGE

suivies d’une nouvelle campagne. Enfin, Waïfre, leur duc indomptable, fut réduit à errer presque seul dans la forêt d’Ivelines (767). Peppin envoya quatre corps d’armée pour le cerner. Waïfre ne put être atteint. Il fallut un assassinat pour délivrer Peppin de cet héroïque ennemi. Pour comprendre cette haine persistante des ducs Aquitains contre la famille de Karl-Martel, il faut se souvenir qu’ils descendaient peut-être de Khlodowigh par Haribert et Bogghis. La force seule put les réduire à n’être que les vassaux d’une couronne dont leurs pères, croyaient-ils, avaient été les maîtres. Nous les voyons, jusque sous la troisième race, renier Hugues Capet et dater les actes publics : Rege terreno deficiente Christo regnante.

Peppin, attaqué d’une hydropisie, mourut en 768. Le partage du royaume entre ses deux fils eut lieu conformément aux stipulations consenties dans le champ de mai, réuni par le roi quelque temps avant sa mort. Le premier eut l’Austrasie, la Bourgogne, la Provence, l’Alsace et l’Helvétie ; le second, la Neustrie, l’Aquitaine, et une partie de l’Austrasie. La sourde inimitié qui animait les deux frères éclata promptement à l’occasion de la révolte de l’ancien duc d’Aquitaine, Hunald, qui était sorti de son couvent pour rendre l’indépendance à son peuple et venger la mort de Waïfre, son fils. Karl dut seul poursuivre la guerre. Il la mena avec vigueur, soumit de nouveau toute la province, et fit bâtir sur la Dordogne le château de Fronsac, pour maintenir les Aquitains dans le devoir (769). Les vues pacifiques de la reine Bertrade, veuve de Peppin, amenèrent le mariage de Karl avec Desiderata, fille de Didier ; elle fut bientôt répudiée et renvoyée au roi lombard qui dévora cet outrage. En 771, Karloman (Karlmann) mourut tout à coup, et Karl s’empara sans retard des États de son frère, aux dépens des deux fils de ce dernier. Gilberga, veuve de Karlmann, alla chercher avec ses enfants un refuge auprès de Didier. Le Lombard forma aussitôt le dessein de rétablir les jeunes princes exilés sur le trône d’Austrasie, tant pour satisfaire son intérêt politique que pour