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OBLOMOFF.

— Non, c’est toi qui ne vaux pas le conseil. Pourquoi te donnerais-je des conseils gratis ? Demande-lui en, ajouta-t-il en montrant Alexéeff, ou à son parent.

— Allons, allons, finis donc, parle, dit Oblomoff.

— Eh bien ! voilà ce que c’est : demain tu déménages.

— Hein ? qu’est-ce qu’il me chante ? Je le sais aussi bien que toi.

— Attends et ne m’interromps point ! s’écria Taranntieff.

— Demain tu emménages chez ma commère dans le quartier de Viborg[1].

— En voilà du nouveau ! Dans le quartier de Viborg ! Mais on dit qu’en hiver il y a des loups.

— Quelquefois. Ils viennent des îles. Mais qu’est-ce que ça te fait ?

— Mais… c’est triste, c’est désert ; il n’y a personne.

— Pas vrai ! Ma commère y demeure ; elle a sa maison à elle avec de grands potagers. C’est une femme qui a droit à la noblesse ; elle est veuve, elle a deux enfants ; elle habite avec un frère qui est célibataire : une bonne tête ! pas comme celle qui est là, dans le coin, dit-il en montrant Alexéeff ; il nous mettrait, toi et moi, dans sa poche.

  1. Quartier très-éloigné du centre.