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OBLOMOFF.

— Oui… les mêmes, répondit machinalement Oblomoff.

— Je t’avais cependant recommandé d’en acheter d’autres, d’outre mer ! Vois comme tu te rappelles ce qu’on te dit ! Aie soin qu’il y en ait pour samedi prochain, autrement tu ne me verras de longtemps. Quelle drogue ! continua-t-il en allumant un cigare. Il lâcha un nuage de fumée, en avala un autre et reprit : Impossible de le fumer.

— Tu es venu de bonne heure aujourd’hui, Michée, dit Oblomoff en bâillant.

— Et après ? est-ce que je t’ennuie ?

— Non, si je t’en fais l’observation, c’est histoire de parler ; tu viens ordinairement juste pour le dîner, et il n’est que midi passé.

— Je suis venu plus tôt tout exprès pour connaître le menu du dîner. Tu ne me nourris que de gargotage ; je tiens à savoir ce que tu as commandé aujourd’hui.

— Va voir là, dans la cuisine, dit Oblomoff.

Taranntieff sortit.

— Ah bien ! merci ! dit-il en revenant, du bœuf et du veau, Hé ! cher ami, tu ne sais pas vivre, et cependant tu es un propriétaire. Le beau barine, en vérité ! Tu vis comme un bourgeois ; tu ne t’entends pas à régaler un ami. Allons ! et le madère est-il acheté ?