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OBLOMOFF.

— Voyons : 1,200 roubles[1] d’appointements, plus 750 pour la table, pour le logement 600, gratifications 900, pour l’équipage 500, et pour suppléments jusqu’à 1,000.

— Fichtre ! le diable t’emporte ! s’écria Oblomoff en sautant à bas du lit. Est-ce que tu aurais une belle voix, par hasard ? Est-ce que tu serais un chanteur italien ?

— Ce n’est rien que cela ! Vois Péréssvétoff, il touche des suppléments, et cependant il abat moins de besogne que moi : il ne comprend rien de rien. Il est vrai qu’il n’a pas la réputation… On fait beaucoup de cas de moi, ajouta-t-il modestement, en baissant les yeux : l’autre jour, le ministre a dit que j’étais l’ornement du ministère.

— Quel gaillard ! dit Oblomoff. Mais voilà : piocher de huit heures à midi, de midi à cinq heures, puis encore à la maison, euh ! euh !

Il secoua la tête.

— Et qu’est-ce que je ferais, si je n’avais pas mon service ? demanda Soudbinnski.

— Mais tu ne manquerais pas d’occupation ! tu lirais, tu écrirais… dit Élie.

— Je ne fais que cela : lire, écrire !

— Ce n’est pas ça ; tu pourrais imprimer…

  1. Le rouble vaut environ quatre francs.