Page:Gontcharoff - Oblomoff, scènes de la vie russe, trad Artamoff, 1877.djvu/48

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
34
OBLOMOFF.

manches, chez le prince Tuméneff les mercredis ; tous mes jours sont pris, conclut Volkoff les yeux rayonnants.

— Et vous ne vous lassez pas d’être ainsi en l’air tous les jours que Dieu fait ?

— Ah bien oui, me lasser ! pourquoi me lasser ? C’est extrêmement gai ! dit-il avec insouciance. Le matin on lit un peu. Il faut être au courant, savoir les nouvelles. Dieu merci ! j’ai un emploi si commode que je n’ai pas besoin de paraître au bureau. Seulement, deux fois par semaine, je reste là un peu et je dîne chez le général[1] ; ensuite on va faire des visites là où on n’a pas paru depuis longtemps ; et puis…, c’est une actrice qui débute, tantôt au théâtre russe, tantôt au théâtre français. Nous allons avoir l’opéra, je m’abonne. Mais maintenant, je suis amoureux… Voici l’été : on a promis un congé à Micha ; nous irons chez eux à la campagne passer un mois pour varier… On y chasse. Ils ont des voisins comme il faut ; ils donnent des bals champêtres. Nous nous promènerons dans les bois, sur l’eau, avec Lydie ; nous cueillerons des fleurs… Ah ! et il pirouetta de joie. Mais il est temps !… Adieu, dit-il, en cherchant en vain à se voir par devant et par derrière dans le miroir couvert de poussière.

  1. Chef de département d’un ministère, ayant grade civil équivalent à celui de général.