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OBLOMOFF.

— Très-distingué ! il est du meilleur goût, fit Élie ; seulement, pourquoi est-il si large par derrière ?

— C’est un habit de chasse, pour monter à cheval.

— Ah ! vraiment ! vous montez donc ?

— Mais certainement ! j’ai commandé l’habit tout exprès pour aujourd’hui ; car c’est le premier mai ; nous allons, Goriounoff et moi, à Ekaterinnhoff[1]. À propos, vous ne savez pas ? Goriounoff Micha[2] vient d’avoir de l’avancement, c’est pourquoi nous nous émancipons aujourd’hui, ajouta Volkoff d’un air enchanté.

— Ah ! fit Oblomoff.

— Il a un alezan, continua Volkoff ; ils ont des alezans au régiment ; moi, j’ai un moreau. Et vous, comment serez-vous ? à pied ou en équipage ?

— Moi… je n’y serai pas…

— Le premier mai ! manquer de paraître à Ekaterinnhoff ! Y pensez-vous, monsieur Élie ? dit Volkoff avec étonnement, mais tout le monde y sera !

— Ah ! comment ? tout le monde ! Non, pas tout le monde ! dit paresseusement Oblomoff.

— Venez-y, mon bon petit monsieur Élie ! Mesdemoiselles Sophie et Lydie seront toutes seules dans leur équipage. Il y a une banquette de face ; Vous pouvez très-bien…

  1. Le Longchamp de Pétersbourg.
  2. Diminutif de Michel.