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OBLOMOFF.

— Parler grossièrement.

— Vous l’avez rêvé !… devant Dieu, vous l’avez rêvé !…

— Tu crois que je dors ? je ne dors pas, j’entends tout…

Et il dormait déjà.

— Ah ! dit Zakhare désespéré, ah ! pauvre tête ! pourquoi gis-tu là comme un bloc ? Ah ! rien qu’à te voir, on a mal au cœur. Regardez donc, bonnes gens ! Fi !

— Levez-vous, levez-vous, reprit tout à coup Zakhare d’une voix effrayée. Monsieur, voyez donc ce qui se passe ici.

Élie leva brusquement la tête, promena ses yeux autour de lui, et se recoucha avec un profond soupir.

— Laisse-moi tranquille, dit-il d’un ton d’autorité. Je t’ai ordonné de me réveiller, et maintenant je te donne contre-ordre, tu entends ! Je me réveillerai moi-même quand je voudrai.

Quelquefois Zakhare cédait en murmurant :

— Eh bien ! ronfle, que le diable t’emporte ! mais d’autres fois il insistait, et il insista.

— Levez-vous, levez-vous, cria-t-il d’une voix lamentable en saisissant Oblomoff des deux mains par le pan et la manche de sa robe de chambre. Oblomoff, tout d’un coup, sans qu’on put s’y attendre, sauta sur ses pieds et se précipita sur Zakhare.