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OBLOMOFF.

— Allons donc ! ne me touche pas ! dit avec douceur Élie, et, renfonçant sa tête dans l’oreiller, il faillit se remettre à ronfler.

— Impossible, monsieur, ce serait avec beaucoup de plaisir, mais c’est tout à fait impossible !

Et il tarabustait son barine.

— Allons, je t’en prie, fais-moi cette grâce, disait Élie d’un ton câlin, en ouvrant les yeux.

— Oui, fais-moi cette grâce, et après, vous-même vous me gronderez pour ne vous avoir point réveillé…

— Ah bon Dieu ! quel homme ! disait Élie. Mais laisse-moi donc une petite minute faire un somme : c’est si peu qu’une minute ! Je sais bien, je sais…

Oblomoff se tut tout à coup, dompté par le sommeil.

— Tu ne sais que ronfler, dit Zakhare, sûr de n’être pas entendu de son maître : voyez donc, il ronfle comme un souche. Ah ! qu’es-tu venu faire sur la terre du bon Dieu… Mais lève-toi donc, toi ! puisqu’on te le dit… hurla presque Zakhare.

— Quoi ? quoi ? fit Oblomoff d’un air menaçant, en soulevant sa tête.

— Mais, je dis, monseigneur, pourquoi donc que vous ne vous levez point ? se hâta de reprendre Zakhare d’un ton doux.

— Non, comment as-tu dit cela, hein ? comment oses-tu ainsi… hein ?

— Quoi ?