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OBLOMOFF.

silence profond ; il fut défendu aux gens de faire du bruit en marchant.

— Le barine écrit, disaient-ils tous d’une voix aussi craintive et respectueuse que lorsqu’il y a un mort dans la maison.

Il traça ce mot : « Monsieur, » lentement, de travers, d’une main tremblante et avec autant de précaution que s’il avait fait quelque chose de dangereux. Devant lui apparut sa femme.

— J’ai cherché, cherché ; il n’y a point de recette, dit-elle. Il faut encore la chercher dans l’armoire de la chambre à coucher. Et comment enverra-t-on la lettre ?

— On renverra par la poste, répondit M. Oblomoff père.

— Et qu’est-ce que cela coûte pour là-bas ?

Oblomoff prit un vieux calendrier.

— Quarante kopeks, dit-il.

— Quarante kopeks à jeter pour des bêtises ! Il vaut mieux attendre et voir s’il n’y aura pas à la ville une occasion pour là-bas. Donne ordre aux paysans de s’en enquérir.

— En effet, par une occasion, cela vaut mieux, reprit M. Oblomoff père, et, après avoir fait claquer la plume contre la table, il la remit dans l’encrier et ôta ses lunettes.

— Vraiment, cela vaut mieux, conclut-il, cela