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OBLOMOFF.

M. Élie père jeta un coup d’œil sur la signature.

— « Raditschtef », lut-il. Hé ! mais c’est de M. Philippe !

— Ah ! Eh ! Voilà de qui c’est ! cria-t-on de toutes parts. Mais comment se fait-il qu’il vive encore ? Voyez donc, il n’est pas mort ! Allons, Dieu soit loué ! Qu’est-ce qu’il écrit ?

Oblomoff père lut à haute voix. Or, il se trouva que M. Philippe demandait une recette pour faire la bière, qu’on brassait particulièrement bien à Oblomofka.

— Il faut l’envoyer, il faut la lui envoyer ! dit-on de toutes parts, il faut lui écrire un billet.

Ainsi s’écoulèrent quinze jours.

— Il faut écrire, il faut écrire ! répétait M. Élie père à sa femme. Où est la recette, donc ?

— Oui, où est-elle ? reprenait la femme. Encore faut-il la trouver. Mais attends, à quoi bon se dépêcher ? Avec l’aide de Dieu nous arriverons à la fête, et, quand nous aurons mangé gras, alors tu écriras ; tu as tout le temps…

— En effet, à la fête j’écrirai mieux, dit le vieux Oblomoff.

À la fête il fut de nouveau question de la lettre. M. Oblomoff père se disposa sérieusement à écrire. Il s’enferma dans son cabinet, s’arma de ses lunettes et s’assit devant la table. Dans la maison régna un