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OBLOMOFF.

petit traîneau ? put à peine dire en riant quelqu’un des causeurs.

Encore des éclats de rire.

Ils rirent tous ainsi longtemps. Enfin peu à peu ils se calmèrent ; l’un essuyait ses larmes, un autre se mouchait, un troisième toussait et crachait bruyamment en prononçant ces mots avec difficulté :

— Ah, Seigneur ! peu s’en faut que la toux ne m’ait étranglé… il m’a fait mourir de rire, je vous assure. Quelle catastrophe ! quand il était le dos en l’air, et les pans de l’habit écartés…

Ici partit enfin la dernière explosion, la plus longue : ensuite on se tut. L’un soupira, l’autre bâilla tout haut, avec la formule habituelle, et l’assemblée se replongea dans le silence.

Ou n’entendit plus comme auparavant que le tic-tac du balancier, le bruit des bottes et le craquement léger du fil coupé avec les dents. Soudain M. Élie père s’arrêta au milieu de la chambre en se tenant le bout du nez d’un air très-effrayé.

— Voyez donc ! Que va-t-il arriver ? dit-il. Il y aura un mort : le bout du nez me démange…

— Seigneur Dieu ! dit sa femme en joignant les mains. Quel mort peut-il y avoir quand c’est le bout du nez qui démange ! Un mort, c’est quand le haut du nez vous démange. Ah ! monsieur Élie, que Dieu te pardonne ! tu n’as pas de mémoire ! Tu serais ca-