Page:Gontcharoff - Oblomoff, scènes de la vie russe, trad Artamoff, 1877.djvu/258

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
244
OBLOMOFF.

— Et qu’est-ce que cela fait qu’il branlât ? demanda Oblomoff ; il ne s’est tout de même pas écroulé, quoique depuis seize ans on n’y ait pas touché ! Louka l’avait très-bien construit dans le temps… Voilà un charpentier, un vrai charpentier ! Il est mort… Que Dieu ait pitié de son âme ! De nos jours on s’est gâté ! On ne fera plus si bien.

Et il dirigea ses yeux ailleurs, et le perron branle, dit-on, encore maintenant, et il ne s’est tout de même pas encore écroulé. Il faut croire qu’en effet ce Louka était un fameux charpentier.

Rendons pourtant justice aux maîtres de la maison. Parfois, à propos d’un accident ou d’une incommodité, ils s’inquiètent fort, et même s’échauffent et se fâchent.

— Comment, disent-ils, peut-on négliger ou abandonner telle ou telle chose ? Il faut tout de suite prendre des mesures.

Et l’on ne parle que de réparer le petit pont du fossé, ou d’enclore le jardin à certain endroit, afin que le bétail n’abîme point les arbres, parce qu’une partie de la haie de branchages est tout à fait couchée par terre.

M. Élie père étendit ses soins si avant, qu’un jour qu’il se promenait dans le jardin, de ses propres mains il souleva la haie avec effort et ordonna au jardinier de placer vite deux perches. La haie, grâce