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OBLOMOFF.

Oblomoff revit même, dans les diverses cérémonies religieuses, les figurants connus avec le jeu de leurs physionomies, leurs gestes, leur empressement et leur importance. Confiez-leur la demande en mariage la plus délicate, l’organisation de quelque noce pompeuse ou de quelque fête à souhaiter, ils l’exécuteront dans les règles et sans rien omettre.

La place que chacun devait occuper, quel devait être le régal, la manière de le servir, la distribution et le rang des personnages pendant la cérémonie, les présages à observer : dans toutes ces formalités, personne à Oblomofka ne fit jamais la moindre faute d’étiquette.

Les Oblomoftzi seraient capables de nier le printemps, ils ne voudraient pas le reconnaître, s’ils ne mangeaient point d’alouettes à son arrivée[1]. Comment auraient-ils manqué à toutes ces coutumes ? C’est là qu’est leur vie et leur science, là que sont toutes leurs peines et toutes leurs joies ; c’est pour cela qu’ils chassent loin d’eux tout souci et tout chagrin : ils ne connaissent point d’autres plaisirs.

Leur vie fourmille de ces événements fondamentaux et inévitables qui suffisent à remplir leur esprit et leur cœur. Ils attendent avec émotion une céré-

  1. Le 9/21 mars, jour présumé de l’arrivée des alouettes, dans chaque ménage on cuit des gâteaux qui ont la forme de cet oiseau.