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OBLOMOFF.

entend des soupirs, des gémissements ; on a recours, à l’eau d’airelle rouge, au poiré, au kwas, et quelques-uns aux drogues d’apothicaire : tout cela pour humecter la gorge desséchée.

Tous cherchent à se délivrer de la soif comme d’un fléau de Dieu ; tous s’agitent, tous languissent, absolument comme une caravane de voyageurs qui ne peuvent trouver une source d’eau dans les déserts de l’Arabie.

L’enfant est là, auprès de sa maman ; il regarde les physionomies étranges qui l’entourent ; il écoute attentivement les conversations lourdes et endormies. Ce spectacle l’amuse et les niaiseries qu’il entend lui semblent curieuses.

Après le thé, chacun s’occupe à quelque chose : l’un s’en va vers le ruisseau et flâne lentement sur le bord, poussant du pied les petits cailloux dans l’eau ; un autre s’assied à la croisée et suit des yeux les scènes fugitives qui se produisent devant lui : un chat traverse-t-il la cour, une corneille passe-t-elle en volant, l’observateur conduit l’un et l’autre de son œil et de son nez, tournant la tête tantôt à droite, tantôt à gauche.

Ainsi quelquefois les chiens aiment à se tenir des journées entières à la fenêtre, le museau au soleil, et suivant chaque passant d’un regard attentif. La mère s’empare de la tête du petit Élie, la pose sur ses ge-