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venait de la table seigneuriale, que par le pâté lui-même. Ainsi un archéologue boit de la piquette avec délices, pourvu que ce soit dans un débris de vase antédiluvien.

Et l’enfant regardait et observait tout avec son intelligence naissante, qui ne laissait rien échapper. Il voyait comment, après une matinée utilement employée et pleine de tracas, arrivait midi avec le dîner.

Le milieu de la journée est brûlant ; au ciel pas le plus petit nuage. Le soleil est fixe au-dessus de la tête et grille l’herbe ; l’air ne circule plus et pèse immobile.

Ni arbre ni eau, rien ne remue ; sur le village et les champs plane un silence que rien ne trouble : on dirait que tout est mort. Dans le vide résonne au loin la voix humaine.

À quarante mètres on distingue le vol et le bourdonnement du hanneton, et dans l’herbe touffue on entend comme le ronflement d’un homme qui dormirait d’un doux sommeil[1].

Dans la maison règne aussi un silence de mort. L’heure de la sieste générale a sonné. L’enfant voit que le père, la mère, la vieille tante et la suite, tous se sont retirés chacun dans son coin. Celui qui n’a pas de retraite monte au fenil, un autre est allé au jardin,

  1. L’auteur fait allusion au bruit des grillons, très-nombreux dans cette contrée.