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OBLOMOFF.

— Oui ; eh bien ! quoi ?

— De grâce, docteur, à l’étranger, est-ce possible ?

— Et pourquoi serait-ce impossible ?

Élie promena silencieusement son regard sur lui-même, ensuite le long de la chambre et répéta machinalement :

— À l’étranger !

— Qui vous en empêche ?

— Comment qui ? Mais tout.

— Quoi donc tout ? Est-ce que l’argent vous manquerait ?

— Oui, oui, en effet, je manque d’argent, dit vivement Oblomoff, enchanté de ce prétexte si naturel, sous lequel il pouvait se cacher tout entier avec la tête. Voyez donc ce que m’écrit le staroste… Où est la lettre ? où l’ai-je fourrée ? Zakhare !

— Bien, bien, dit le docteur, cela ne me regarde pas ; mon devoir était de vous prévenir qu’il vous faut changer de manière de vivre, de lieu, d’air, d’occupations — de tout, de tout !

— Bien, j’y réfléchirai, dit Oblomoff. Où faut-il aller et que dois-je faire ? demanda-t-il.

— Allez à Kissingen ou à Hombourg, répondit le docteur ; vous y resterez les mois de juin et de juillet ; vous prendrez les eaux, ensuite vous irez en Suisse ou dans le Tyrol ; vous ferez une cure de raisin. Là, vous passerez septembre et octobre…