Page:Gontcharoff - Oblomoff, scènes de la vie russe, trad Artamoff, 1877.djvu/169

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
155
OBLOMOFF.

Trois fois il changea un que de place, mais il s’ensuivait ou un non-sens, ou un trop grand rapprochement des deux que.

« Impossible de se débarrasser des deux autres que ! » dit-il avec impatience. « Au diable soit la lettre ! À quoi bon se casser la tête pour de pareilles niaiseries ? J’ai perdu l’habitude d’écrire des lettres d’affaires. Et voilà qu’il est bientôt trois heures ! »

— Zakhare, tiens, voilà pour toi.

Il déchira la lettre en quatre morceaux et les jeta à terre.

— As-tu vu ? dit-il.

— J’ai vu, répondit Zakhare, en ramassant les morceaux.

— Donc laisse-moi tranquille avec le déménagement. Qu’est-ce que tu as encore là ?

— Eh ! les notes donc ?

— Ah ! Seigneur ! tu veux m’achever ! Eh bien ! combien cela fait-il ? dépêche-toi.

— Celle du boucher est de quatre-vingt-six roubles cinquante-quatre kopeks.

Élie frappa ses mains l’une contre l’autre.

— Tu es fou ! Tant d’argent rien que pour le boucher ?

— On ne l’a pas payé depuis trois mois. Voilà pourquoi on lui doit tant d’argent. Tenez, c’est inscrit là-dedans ; on ne vous vole pas.