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OBLOMOFF.

Oblomoff put cependant parcourir la page jaunie, où sa lecture avait été interrompue à peu près un mois auparavant. Il remit le livre à sa place et bâilla, puis se plongea dans sa méditation opiniâtre sur « les deux malheurs. »

— Quel ennui ! chuchota-t-il en étendant et en ramenant ses pieds tour à tour.

Il se sentait tourné à la mollesse et à la rêverie ; il levait les yeux vers le ciel, il cherchait son astre favori, mais l’astre était à son zénith et ne versait sa lumière aveuglante que sur les murs blancs de la maison, derrière laquelle il disparaissait le soir sous les regards d’Oblomoff. « Non, les affaires avant tout, » dit-il sévèrement « et puis… »

La partie du jour qu’on appelle au village la matinée était passée depuis longtemps, et ce qu’on baptise de ce nom à Pétersbourg tirait à sa fin. Le bruit mélangé des voix humaines et autres montait de la cour chez Élie.

C’était le chant des artistes ambulants, souvent accompagné par l’aboiement des chiens, On était venu aussi montrer un animal marin, on apportait et on offrait sur divers tons les produits les plus variés.

Élie s’étendit sur le dos et mit ses deux mains sous sa tête. Il s’occupa à retravailler son plan d’administration. Il parcourut rapidement dans son esprit