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OBLOMOFF.

presque tous les objets sont brisés et plus particulièrement les petits, ceux qui demandent du soin et de la précaution. Il déploie la même force pour les prendre tous, et il se comporte avec les uns comme avec les autres.

Qu’on lui ordonne, par exemple, de moucher la chandelle, ou de verser un verre d’eau, il y emploie autant de vigueur que s’il fallait ouvrir une porte cochère.

Dieu préserve que Zakhare se prenne du désir d’être agréable au barine ! Soudain il s’imagine de ranger, de nettoyer, de déplacer lestement et de remettre tout en ordre à la fois.

Dans ces occasions les pertes et les accidents étaient incalculables. Il n’est pas sûr qu’un soldat ennemi, entré de vive force dans la maison, y aurait pu faire autant de mal.

Zakhare alors commettait mille dégâts, faisait tomber des objets, brisait de la vaisselle, renversait les chaises et finissait souvent par être renvoyé de la chambre, ou il en sortait de lui-même avec des jurons et des malédictions.

Heureusement que cette rage le prenait rarement. Tout cela venait certainement de son éducation première et des manières qu’il avait contractées, non dans un espace étroit et dans la demi-obscurité des cabinets et des boudoirs ornés par le caprice, où le diable