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OBLOMOFF.

Il ne ramasse jamais du premier coup un mouchoir ou quelque autre objet tombé à terre ; il se courbe toujours au moins trois fois, comme s’il voulait l’attraper au vol ; il ne réussit à le ramasser qu’à la quatrième et encore parfois il le laisse retomber.

S’il traverse la chambre en portant de la vaisselle ou d’autres objets, dès les premiers pas ceux qu’il a mis au-dessus commencent à déserter vers le plancher ; d’abord dégringole un objet, Zakhare fait un mouvement tardif et inutile pour le retenir et il en laisse choir deux autres ; il regarde, la bouche béante d’étonnement, les objets qui tombent, et non ceux qui sont encore sur ses bras ; aussi tient-il le plateau de travers, et le reste de la vaisselle continue à choir.

C’est ainsi que quelquefois il n’apporte à l’autre bout de la chambre qu’un verre à pied ou une assiette, et quelquefois il jette lui-même, en jurant et en maugréant, le dernier de ceux qui lui restaient dans les mains.

En traversant une chambre, il accroche, tantôt avec le pied, tantôt avec la hanche, une table ou une chaise ; il ne tombe pas toujours juste dans le battant ouvert de la porte, mais il se cogne à l’autre avec l’épaule, et injurie les deux battants, ou le maître de la maison, ou le charpentier qui les a faits.

Dans la chambre d’Oblomoff, grâce à Zakhare,