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OBLOMOFF.

seulement Napoléon, mais encore Yérousslane Lazarévitsch[1].

Il imagine une guerre et ses causes : dans sa tête, par exemple, les peuples de l’Afrique se précipitent impétueusement sur l’Europe, ou encore il organise de nouvelles croisades : il part en guerre, décide des destinées des empires, détruit des villes, fait quartier aux ennemis, ou les passe au fil de l’épée, accomplit enfin des actes héroïques de bonté et de grandeur d’âme.

Ou bien il choisit le champ de bataille du penseur, de l’artiste. Tous le saluent, il moissonne des lauriers, la foule court après lui, en criant : « Le voilà, le voilà ! c’est Oblomoff, notre célèbre Élie Oblomoff ! »

Dans les heures d’amertume il est tourmenté par des soucis, il se retourne d’un côté sur l’autre, il s’étend la face en bas, quelquefois il s’oublie tout à fait ; alors il se lève du lit, se jette à genoux, et commence à prier avec chaleur, suppliant le ciel d’éloigner de manière ou d’autre l’orage qui le menace.

Ensuite, après avoir remis aux cieux le soin de sa destinée, il devient calme et indifférent pour tout au monde, et laisse la tempête s’arranger là-bas comme elle peut. C’est ainsi qu’il met en jeu ses forces morales ;

  1. Héros d’un conte populaire.