Page:Gontcharoff - Oblomoff, scènes de la vie russe, trad Artamoff, 1877.djvu/137

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
123
OBLOMOFF.

suggéré des idées différentes de celles de ces bonnes gens.

Il comprenait que non-seulement ce n’était pas un péché de s’enrichir, mais que le devoir de chaque citoyen est de contribuer par ses travaux personnels au bien-être général. Voilà pourquoi, dans le dessin qu’au fond de sa solitude il traçait de son avenir, il faisait une très-grande place au plan nouveau de l’organisation de ses biens et de l’administration de ses paysans d’après les exigences de l’époque.

L’idée fondamentale du plan, l’exposition, les parties principales, tout depuis longtemps est prêt dans sa tête ; restent seulement les détails, les devis et les chiffres.

Il a travaillé sans relâche à ce plan pendant des années, il y pense et y réfléchit en se promenant comme dans son lit, à la maison comme dans le monde ; tantôt il y ajoute, tantôt il y change quelques articles, tantôt il se remémore quelque point imaginé hier et oublié pendant la nuit ; et quelquefois, rapide comme l’éclair, passe une idée neuve, inattendue qui commence à fermenter dans son cerveau, et il se plonge dans le travail.

Il n’est pas le misérable metteur en œuvre d’une pensée fournie par un autre ; il est lui-même le créateur et l’exécuteur de ses idées.

Le matin, à peine levé, il prend le thé et tout de